Récit de Gaëlle qui a vécu 8 mois en Ouzbekistan. Ces lettres sont des e.mails qui racontent sa vie de tous les jours
au pays des coupoles turquoise.
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Mardi 12 août 2003
Bonjour à tous,
Il y a deux semaines, je suis allée pour tout un week-end à Tchorvak, c’est un
lac de montagne vers Tachkent. Nous sommes partis à 8, Nargui, Shoista, Aziza (l’ado de la famille), et 4 autres collègues : Flioura, Bekzod, Zaman et Dinara.
Nous avons pris le train de nuit de Samarkand à Tachkent (train couchettes comme pour Moscou Saint Petersbourg) le vendredi soir à minuit. Nous sommes arrivés à Tachkent vers 8 h du mat’, nous
avons fait des courses au bazar pour nos pique-niques du midi, puis nous avons pris un minibus privé pour 10 personnes, direction Tchorvak (une heure de route).
Nous sommes arrivés vers 11 h là-bas, baignade, jeux de ballon, soleil à gogo, pique-nique. C'était super sympa ! En plus, ils sont tous marrants et cools, on s’est bien amusé. Le lendemain
aussi, on s’est baigné jusque vers 15 h, puis on a repris le même minibus (le gars avait accepté de faire l’aller-retour) pour Tachkent.
Arrivés là-bas, on a repris un autre minibus (plus confortable) pour retourner à Samarkand (5-6 heures de route). Tout était payé par l’agence sauf les repas et le trajet du retour. En gros, Saad
payait les chambres hôtel (luxe) et le train aller. J’en ai eu pour 5 euros en tout.
Et j’ai chopé des coups de soleil comme jamais je n’en avais chopés en France. C’est parce que l’air est très sec ici, alors le bronzage n’est pas très joli (pas assez doré) et mauvais, la peau
pèle.
Mais bon, c'était génial !
A part ça, j’ai rencontré 9 Français par hasard. Ils sont venus à l'agence pour
avoir des renseignements sur la possibilité de faire des trekkings dans les montagnes. C'était la 4ème agence touristique qu’ils faisaient et Saad était le premier à pouvoir répondre
approximativement quelque chose.
Ce n’est pas du tout développé ici les trekkings. Y’a peut-être quelque chose à faire dans ce domaine, hehe...
Bref, j’ai servi d’interprète entre eux et Saad (ils parlent anglais et allemand, mais était quand même plus facile pour eux de s’exprimer en français) et, surtout, je les ai conseillés sans
intérêt, contrairement à Saad qui ne voyait que des euros et du fric en eux. Moi, je les ai considérés comme des compatriotes que l’on aide de façon honnête et gratuite, ce qu’ils ont remarqué et
beaucoup apprécié.
Le premier jour, on a discuté de toutes les possibilités avec Saad, puis ils ont dit qu’ils revenaient le lendemain pour voir plus précisément l’organisation du truc avec Shavkat, leur guide dans
les montagnes (celui au mariage duquel je suis allée dans les montagnes vers la frontière afghane). Ils m’ont alors demandé conseil pour un resto sympa, pas cher et typiquement ouzbek. Je leur ai
conseillé un endroit où j'étais allée avec la famille pour les 25 ans de mariage de Kiom et Gulia. Et ils m’ont proposée de venir avec eux. Ce que j’ai accepté tout de suite.
Ce sont 4 couples de vieux potes. Ils ont tous 30 ans. Le 9ème est un mec qu'ils ont rencontré par hasard à aéroport de Tachkent et ils lui ont proposé de venir avec eux pour le tour de
Ouzbékistan. Ils sont sympas et super décontractés, avec un humour bien français que ça m’a fait plaisir de retrouver !!
Le lendemain, ils sont revenus à l’agence. J’ai encore servi d’intermédiaire et, là, ils ont eu l’impression de se faire avoir par Saad et Shavkat. Parce que l’endroit qui avait été décidé la
veille (la Grotte de Tamerlan et les Pas de Dinosaures) était soudainement (et comme par hasard) fermé pour cause de base militaire aérienne et de tensions avec les Tadjiks, alors que la veille,
il était pas du tout question de cela. Et la solution que proposait Shavkat était de les emmener dans ses montagnes à lui, de les loger chez lui (et pas gratuitement, bien sûr) et de leur servir
de guide.
Les Français m’ont demandé si cette histoire de base militaire justifiait la fermeture de la route et je leur ai dit que je n’avais aucune possibilité de le vérifier, que c'était langue de bois
et compagnie et que, ne comprenant ni le tadjik ni l’ouzbek, on pouvait bien me dire n’importe quoi. Mais j’ai été sincère avec eux : je leur ai dit que je n’avais pas confiance en Shavkat et
que, personnellement, je ne croyais pas cette histoire de base aérienne.
Le soir, ils m’ont invitée au resto avec eux. Cette fois, on est allé à Oasis, un resto en plein centre (on y est allé avec les parents), dans un parc, super cadre. A chaque fois, ils me disaient
que j'étais la reine de la soirée, que je devais m’installer au milieu de la table pour être près de tout le monde et ils m’abreuvaient de question du genre "Pourquoi, ils ont tous des dents en
or, ils trouvent ça esthétique ou pas ?", "On a vu un mariage, est-ce que les mariages sont arrangées ici, pourquoi la mariée faisait la gueule ?", "Est-ce que ça vaut le coup d’aller à la Mer
d’Aral pour voir le cimetière de bateaux à Noucous" (qui est un port situe à 100 km de la rive de la Mer d’Aral, la baisse du niveau de la mer est une catastrophe écologique), "Est-ce qu’ils sont
musulmans très pratiquants ?", "Pourquoi mangent-ils toujours des morceaux de gras de mouton ?", "Comment te considèrent-ils, toi, Occidentale ?", "Est-ce que la dictature de Karimov est vraiment
serrée", etc...
Et puis, bien sûr, les inévitables questions de pourquoi je suis ici, pourquoi je parle si bien russe, où est-ce que j’ai appris la langue, qu’est-ce que j’ai l’intention de faire après mon
stage, est-ce que je me sens bien dans ce pays, est-ce que je parle ouzbek, etc...
Ils voulaient même que je vienne avec eux pour faire le trekking et, après, dans le désert, dormir sous la yourte et faire du chameau. Malheureusement, je n’ai pas trop le temps en ce moment.
Après le resto de la dernière soirée, nous sommes allés à leur B&B (hôtel) et on a fini la soirée en jouant au tarot, ce que j’ai aussi grandement apprécié.
Bref, deux bonnes soirées bien à la française Ca m’a fait du bien !